Vers
1900, alors que le bas de Montreuil est en pleine industrialisation et
que les murs à pêches [ carte postale ] se sont répandus
en partant des jardins, à l'arrière
des maisons du centre ville, le lieu-dit les Beaumonts (ou aussi les Bacottes)
est consacré depuis le XVIIIe siècle à
l'exploitation de carrières de
gypse.
Ces carrières creusent de vastes cratères dans
les collines.
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La population de ce quartier est composée pour 23%
de
carriers, terrassiers et charretiers.
La zone, qui est un peu un Far West moins
contrôlé par les autorités, finit par
attirer aussi de nombreux mendiants, vagabonds, repris de justice ou
chômeurs. À la fin du XIXe siècle, les
Montreuillois considèrent le lieu comme
particulièrement mal famé. |
Au lieu-dit les
Beaumonts, deux carrières se partagent la
colline : la carrière Leclaire (devenue la
propriété de M.Mabille) et la carrière
Gallet. M.Mabille habite sur place et a fait transformer une partie de
la carrière en grand parc autour de sa maison. Puis sa veuve
décide en 1908 d'offrir le parc à la Ville. Cette
donation est mise en échec en 1921 sur la requête
de ses héritiers. La Ville attendra pour avoir son parc.
La
carrière Gallet, quant à elle, occupe le
terrain qui sera plus tard celui de la résidence des Ormes.
Fin
XIXe et
début XXe
siècles, Gallet est un nom très
répandu dans le Pas-de-Calais. Peut-être la
famille en est-elle originaire.
Victor
Louis Gallet vit à Fontenay-sous-Bois jusqu'à sa
mort le 2 juillet 1918. La carrière qu'il exploite lui vient
probablement de son père.
Tout
juste deux mois après la mort de son épouse Reine
Euphrasie Mullot, (16 mars 1909), Victor Louis et son fils adoptif
Victor Isidore Ludovic Delabrecque-Gallet, qui est champignonniste
à Nanterre, créent entre eux la
société
Gallet et Fils (17 mai
1909). |
Gallet et Fils a
pour objet l'exploitation de la carrière, le
commerce de plâtre, glaise, briques et ciment, mais aussi la
culture et la vente de champignons. En effet, les galeries
désaffectées sont propices à cette
culture.
L'apport de Victor Louis à Gallet et Fils est
constitué par sa vaste propriété
comprenant notre parcelle mais aussi des terrains qui ont servi plus
tard à la Ville pour la création ou
l'élargissement de la rue Paul-Doumer et de la rue du
Jardin-des-Écoles. Le tout est estimé
à 200 000 anciens francs.
Quant à Victor Isidore Ludovic, son fils, il apporte un
capital de 100 000 anciens francs. |
Gallet et Fils
prend encore un peu plus d'espace : la société
achète les parcelles BX 6, 7 et 8 (environ 500 m2)
à la société... Gallet et Compagnie,
sans doute une affaire en famille... Cette dernière les
avait elle-même acquises des Établissements Joseph
Leclaire (devenus plus tard la Société
anonyme des Ateliers de Montreuil - photo, cliquer ici ).
Le nom de Leclaire nous est déjà connu. C'est
d'ailleurs l'ancien nom de l'avenue Jean-Moulin.
Victor Louis disparait donc en
1918 (je ne sais pas si c'est à la guerre) laissant son
héritage à ses deux enfants adoptifs
Victor Isidore Ludovic (déjà cité) et
Marie Louise Euphrasie Delabrecque-Gallet, laquelle vit à
Nogent, ayant épousé Auguste Édouard
Philippon, représentant de commerce. |
Victor
Isidore se trouve donc en indivision avec sa "soeur" Marie Louise,
épouse Philippon. Cependant, Mme Philippon cède
en 1930 tous ses droits (un tiers de la société)
à son frère en échange de 111 400
anciens francs.
Cela a comme conséquence la fin de la
société Gallet
et Fils. |
Victor
Isidore Ludovic et son épouse Marie
Françoise Yviquel vivent au 10 de la rue Leclaire
(c'est chez nous !). L'âge venant, Victor Isidore
laisse à ses héritiers le soin de s'occuper de
l'affaire au moyen d'une donation-partage. Il se réserve,
pour lui et son épouse, l'usage d'un pavillon et une rente
viagère. |
Marie Françoise Yriquel meurt le 14 juin 1954, suivie huit
ans plus tard par son mari Victor Isidore Ludovic Delabrecque-Gallet (2
août 1962). Ils laissent comme
héritières cinq filles déjà
bénéficiaires de la donation-partage.
Hélène
Marie Louise,
née en 1899, épouse d'André Marius
Grolleau (marchand de bois), résidant à Montesson. |
Victorine
Yvonne, née en 1903, épouse de Pierre Georges Marcel Piquelle (marchand de matériaux), résidant
sur place 10... avenue Jean-Moulin. |
Geneviève
Andrée Hélène,
née en 1907, épouse de
Jean Despature (industriel), résidant à La
Varenne-St-Hilaire. |
Madeleine
Germaine Marie, née en 1910, divorcée,
remariée
avec Henri Pierre Bertin (représentant de commerce),
résidant à Ste-Geneviève-des-Bois. |
La
dernière, Germaine, qui réside aussi chez nous,
décède peu après son père,
en 1964. Son époux, Raymond Raoul Michel Dauzac,
né à Bouscat - Gironde en 1898
(entrepreneur de maçonnerie)
et son fils Michel Marie Victor,
né à Montreuil en 1933 (métreur)
héritent des droits de Germaine. |
Dès 1962, la Ville de Montreuil décide
l'expropriation de la parcelle BX 28 (qui comprend une partie
de l'actuelle BX 72, notre résidence). Le tribunal fixe
l'indemnité à 453 000 francs payés par
la Ville aux consorts Delabrecque-Gillet. Une
école élémentaire ouvre alors
à la rentrée 1964 dans des bâtiments
provisoires. La construction définitive sera celle de la
maternelle. Puis, le 23 décembre 1965, la Ville
achète aux consorts le reste de leur
propriété indivise (parcelles BX 5 à
11 et 22).
Elle
décide de consacrer 9420 m2 à la construction de
88 logements HLM
(permis de construire en 1970).
Mais la nature du sous-sol impose des
fondations spéciales qui élèvent le
prix du projet, désormais
incompatible avec des loyers modérés.
La Ville cède la parcelle à la
Semimo pour la construction de 145 logements en accession à
la
propriété : la résidence des Ormes
(délibération du 3 novembre 1970,
M.André Grégoire étant maire, acte de
vente en 1972). |
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